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lundi 23 janvier 2017

Courrier adressé aux élus et au rectorat

M. Coignard, Directeur de l’Académie de Paris
Mme Cordebard, Adjointe à la Mairie de Paris,
chargée de l’Éducation
M. Eric Lejoindre, Maire du XVIIIème arrondissement



Paris le 23 janvier 2017


Nous, représentants de parents et des enseignants du collège Antoine Coysevox, parents des écoles élémentaires du secteur refusons de prendre part au premier « comité de suivi » pour lequel nous sommes convoqués ce lundi 23 janvier au collège Hector Berlioz.

Nous dénonçons l’appellation même de cette réunion. Comment peut-il d’ores et déjà s’agir d’un comité de suivi alors que le projet ne sera voté au conseil de Paris que fin janvier ?
Dans le cas d’un vote contre, ce projet serait rendu caduc. Il semble donc prématuré d’en engager le suivi. Nous vous rappelons par ailleurs que nous sommes toujours mobilisés contre ce projet en l’état et ce jusqu’au vote du conseil de Paris.



Pour la troisième fois consécutive cette réunion se tiendrait à Berlioz. Cela nous semble déroger à des questions d’équité élémentaires et c’est un signal très négatif que l’on envoie aux uns et aux autres sur la position des élus et du rectorat.

Nous regrettons que les directeurs des écoles primaires du secteur Coysevox n’aient été prévenus que vendredi 20 janvier.

De plus, il n’y a aucun ordre du jour à ce comité de suivi. De quoi parle-t-on ? Comment engage-t-on une réflexion sérieuse dans ces conditions ? S’agit-il encore de prendre les participants par surprise et de jouer la confusion ? L’opacité dans laquelle se tiennent ces réunions nous semble contraire aux objectifs affichés de concertation. Comment se fait-il qu’il n’y ait eu jusqu’ici aucun compte-rendu officiel des réunions précédentes ?

Enfin, les tenants du projet, avec en-tête M. Darriulat, nous ont enjoints à prendre part à cette nouvelle réunion en exerçant ce qu’il faut bien appeler un chantage. En ne participant pas à la concertation, les décisions nous seraient imposées. Nous refusons de répondre à de telles menaces pour un projet censé faire consensus et se réaliser dans la concertation.

On nous imposerait pour commencer un scénario de montée alternée que ni la mairie, ni le rectorat ne semblent vraiment plébisciter. Les échanges que nous avons pu avoir avec M. Darriulat sur le parvis de la mairie le 12 Janvier, avec M. Pham le 20 Janvier lors de son déplacement au collège Coysevox, ou plus régulièrement avec le chef d’établissement nous amènent à penser que ce choix aura des conséquences désastreuses sur la vie de nos établissements.

Ce scénario pose en effet de nombreux problèmes et c’est à se demander si l’on n’attend pas justement des représentants de Coysevox qu’ils prennent part à la réunion pour le refuser. Le rectorat et la mairie pourraient faire preuve d’un peu plus de courage politique sur cette question. En effet, les établissements seraient complètement déstructurés dans leur composition : un collège qui n'a une année que des 6èmeet des 4ème, et l'année suivante que des 5ème et des 3ème est-il encore vraiment un collège ? 120 élèves de 4èmeque leurs enseignants connaissent bien, pour qui on a préparé progressivement un parcours d’orientation seraient envoyés dans un autre collège pour en quelques mois les conduire vers le lycée ? C’est faire bien peu de cas du travail accompli par les enseignants et de l’idée du cycle 4 défendue par la ministre de l’éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, dans son projet même de réforme du collège. Veut-on vraiment le bien de tous les élèves quand on accepte de les changer d’établissement l’année même où ils vont se confronter à leur premier examen national ?

A-t-on pensé aux élèves les plus en demande de notre établissement ? L’ULIS qu’abrite notre collège est spécialisée« troubles psys ». Nos élèves de 4ème relevant de ce dispositif iraient donc dans l’ULIS de Berlioz qui n’accueille que des élèves qui ont des « troubles de l’apprentissage »...

Ce scénario engendrerait aussi pour le collège Coysevox une perte d’heures considérable, qui amènerait 6 enseignants à perdre leurs postes ou à compléter leurs services dans un autre établissement. Quand on sait qu’une mixité réussie l’est, avant tout, par la qualité de l’enseignement et par l’expérience de l’équipe éducative, dégrader les conditions de travail d’enseignants motivés et expérimentés ne peut qu’être un frein à la réussite de ce projet. Dans des établissements où les élèves ont des besoins spécifiques, on sait pertinemment que la stabilité des équipes et le bien-être au travail sont des facteurs déterminants pour la réussite des élèves.

Nous souhaiterions rappeler que nous avons été force de proposition dès la présentation du projet, le 23 novembre. Nous avons montré que nous sommes pour la mixité sociale à l’école. Nous voulons un projet qui soit véritablement porteur pour les élèves défavorisés ou en difficultés scolaires.

Nous ne faisons que reprendre les conclusions des spécialistes de la question. Lors du colloque organisé par l’EDHEC, « Investir dans les politiques de mixité sociale à l’école » le jeudi 19 Janvier, à la Maison des Sciences économiques, Marie Duru-Bellat a bien confirmé que plus la dilution de population ségréguée était importante, plus il y avait de chances que de tels projets soient synonymes de réussite scolaire. Les travaux initiaux de Thomas Piketty et de Julien Grenet préconisent des expérimentations à plus large échelle: arrondissement, multi-secteurs à trois ou quatre établissements, dont le bi-collège semble être le parent pauvre.

Les échéances électorales ne peuvent pas à elles seules justifier la précipitation dans laquelle se construit ce projet. La loi date tout de même du 8 juillet 2013. C'est à « l'initiative exclusive des départements » que ces secteurs multi-collèges sont créés.La majorité du Conseil de Paris n’aura pas changé à la rentrée 2018. Tous les acteurs peuvent donc prendre le temps d'une réelle concertation sur un périmètre élargi et de construire un consensus. Parents et enseignants de Coysevox et les parents des écoles élémentaires du secteur se sont d'ores et déjà engagés auprès des élus de la mairie du 18ème arrondissement à participer à des « Comités de suivi » pour qu'un véritable multi-secteur soit mis en place à l'échéance de la rentrée 2018. Les tenants du projet devraient le reconnaitre publiquement au lieu de brandir l'argument du « Not in my backyard » qui n'a aucune espèce de réalité en l'état.

Le rectorat et la mairie proposent de contractualiser des moyens sur 3 ans pour que, malgré le changement de majorité possible, les adaptations prévues puissent perdurer jusqu’à la redéfinition des REP en 2019. On se demande bien pourquoi contractualiser la construction d’un projet concernant trois collèges à la rentrée 2018 devient impossible. Soit le contrat promis ne sera pas respecté par la nouvelle mandature, soit il est tout à fait envisageable que l’équipe en place produise les documents nécessaires à ce que le projet ambitieux et réaliste que nous demandons ait réellement lieu. Comme le soutiennent ardemment les défenseurs du projet, l’enjeu est de taille, nous demandons aux décideurs d’aller au bout de leurs engagements.

Enfin, nous avons mis en garde le rectorat et la mairie contre le risque d'opposition ou de concurrences des intérêts que créerait un projet bi-collège. Nous rejetons l'esprit de division dans lequel ont été menées les précédentes réunions du 7 décembre et du 6 janvier. Elles n'ont abouti qu'à des positions outrées, des caricatures manichéennes, parfois même des huées, laissant peu de place au dialogue et à la réflexion.

On a opposé les parents et les équipes enseignantes de Berlioz et de Coysevox. On a créé une situation de parole où il était impossible de dire que Berlioz est un établissement dont les résultats au Brevet sont catastrophiques (48%) et dans lequel les phénomènes de violence sont encore trop récents et vifs dans les mémoires pour qu'un tel projet suscite la confiance des familles. Il y était également impossible d'être POUR la mixité sociale sans être POUR ce projet qui de l'avis général est pourtant mal ficelé, précipité et autoritaire dans sa mise en place.

Pourtant, qu'avons-nous demandé ? Avons-nous refusé d'être associé à Berlioz dans le cadre de la construction d'une mixité sociale et scolaire dans notre quartier ? NON. Nous avons simplement demandé à ce qu'un troisième collège, à minima, soit associé à l'expérimentation, pour éviter que le nouvel équilibre auquel on tend n'ait pour effet de construire deux collèges difficiles, sans attractivité ; ce qui ne bénéficierait qu'au privé. N'abandonnons pas ce projet à une trop grande part de hasard, assurons-nous de sa réussite (scolaire et sociale) en y ajoutant au moins un collège comparable à Coysevox.

Nous avons rencontré M. Lejoindre, M. Darriulat et Mme Bertholet à la mairie le 4 Janvier. Nous avons demandé à ce que la discussion sur l’élargissement du secteur soit ré-ouverte lors de la réunion de concertation du 6 Janvier. Nos interlocuteurs nous ont assurés qu’ils en informeraient le rectorat. A l’ouverture de cette réunion, M. Coignard,le Recteur d’académie, a balayé notre demande d’un revers de main. Nous avons alors dû quitter la réunion, parents et professeurs, sous les invectives de certaines personnes présentes. Si le dialogue a été rompu, cela n'est pas de notre fait.


Les représentants des enseignants du collège Coysevox
Les représentants du GIPE du collège Coysevox
Les représentants de la FCPE du Collège Coysevox
Les représentants du GIPE de l’école élémentaire Joseph de Maistre
Les représentants de l’école élémentaire 65 rue Damrémont : API 65 et Trait d’union
Les représentants de l’école élémentaire 67 rue Damrémont APE 67

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