Mixité sociale et projet "multi collèges"

Pourquoi nous nous nous rassemblons ce mardi 13 décembre

Les parents d'élèves du 18e arrondissement éprouvent une très grande inquiétude quant aux conséquences du projet de fusion des secteurs des collèges Hector Berlioz et Antoine Coysevox (dit projet « multi collèges », en réalité bi-collèges), dont la mise en œuvre est prévue dès la rentrée 2017 (et le vote au conseil de Paris dés début février prochain, lettre envoyée aux élus ici).

Ce projet suscite de légitimes questionnements et demandes de la part des enseignants, aussi bien que des parents d'élèves et des enfants. Tout d'abord, parce qu'il n'y a pas eu de véritable concertation préalable auprès des principaux intéressés, familles et enseignants, la concertation étant pourtant un principe élémentaire dans l'élaboration d'un tel projet. Cette manière de procéder n'est pas acceptable. 

D’autre part, ce projet ne répond malheureusement pas à l'objectif de mixité sociale auquel il prétend répondre. D’abord, s’il est indéniable que le collège Berlioz, comme nombre de collèges du nord-est parisien, présente en son sein des taux de ségrégation sociale désastreux, le collège Coysevox en revanche, n’apparaît comme un collège favorisé que par contraste à ce collège-là, si fortement sinistré du point de vue de la ségrégation.

Toutefois, rapporté aux moyennes académiques, le collège Coysevox n’est en aucun cas un collège favorisé. La mixité sociale y est déjà une réalité, comme en attestent tous les indicateurs disponibles.

1° La mixité sociale est déjà, en l’état, difficile à faire vivre au quotidien à Coysevox pour les équipes (comme en attestent les demandes réitérées depuis des années d’un second CPE, ou le nombre de commissions éducatives et de conseils de discipline). D’autre part, les données de revenus issues de la Caisse des écoles montrent que les tarifs de cantine distribuent la population entre : 26 % de familles défavorisées, (tarifs 1 à 3) 51 % de familles moyennes (tarifs 4 à 6) et 23 % de familles favorisées (tarifs 7 à 10). 

2° En outre, les données utilisées par le rectorat lui-même pour établir le diagnostic relatif à la situation de Coysevox  à partir de la distribution des élèves en 4 catégories de PCS parentales (catégories A, B, C, D créées par la DEPP du ministère de l’Education Nationale) montrent que Coysevox présente une distribution proche de la proportion statistiquement idéale, c’est-à-dire telle que, si tous les collèges parisiens présentaient cette même répartition sociale,  la ségrégation serait égale à zéro ! C’est donc seulement dans le contraste avec un collège fortement sinistré sur ce plan (51% de catégorie D) que Coysevox peut apparaître comme « privilégié »..

3° Enfin, le taux de réussite au brevet, indicateur qui fait consensus pour décrire le niveau de réussite scolaire des établissements, se situe à Coysevox en-dessous de la moyenne académique, à 80% en 2015 et 86% en 2016, soit respectivement 3,2 points et 2,3 points en-dessous de la moyenne académique pour ces mêmes années. 

Puisque la corrélation entre mixité sociale et réussite scolaire est au fondement du projet, il est plus que douteux de proposer de faire reposer sur un collège se tenant difficilement à l’équilibre moyen la charge de désenclaver un collège aussi fortement ségrégué que le collège Berlioz !

 Vous le voyez bien, ce projet ne répond en rien à l'objet affiché de mixité sociale. 

Le fait de présenter Coysevox comme un collège privilégié et dont les familles et enseignants qui s’opposent au projet seraient finalement dans le rejet des familles et élèves moins favorisés de Berlioz, alors que tous s’inquiètent très légitimement pour un projet qui menace l’équilibre fragile qu’ils essaient de faire vivre, est par conséquent une rhétorique aussi malhonnête que dangereuse. 

D’autant que les moyens engagés ne semblent nullement à la hauteur de l’ambition affichée. Nous regrettons qu'aucun effort de co-construction en amont n'ait été fait sur l’ensemble de ces points. 

Une concertation réelle aurait permis de proposer une autre assiette, plus large (étendue à d’autres établissements plutôt favorisés voire très favorisés du 18^ème, comme le collège Y. Le Tac, voire à d’autres arrondissements limitrophes). C’eût été à la fois plus réaliste et plus conforme aux objectifs affichés, en termes de mixité visée, aussi bien qu’en termes de lutte contre les stratégies de contournement des établissements les moins favorisés par les familles.

Nous regrettons qu'aucune réflexion de fond n'ait été menée de façon plus systématique, pour assurer une vraie mixité sociale à une plus grande échelle.

Celle-ci passe par exemple par une meilleure attribution des logements, notamment sociaux, avec un souci d’équilibre entre familles les plus en difficulté, classes moyennes et accession à la propriété.

En l’état, votre projet fragiliserait la situation du collège Coysevox sans apporter de solutions pour le collège Berlioz. 

Sa mise en œuvre entraînerait un exode de familles vers le privé, déjà amorcé dès l’annonce du projet (plusieurs dizaines de demandes sont parvenues dans les établissements voisins du privé depuis le 23.11, avec des augmentations des demandes dépassant les 20% par rapport à l’an dernier).

Il est urgent de renoncer à ce projet et de mettre véritablement en place les outils de concertation avec les personnels, les enseignants et les parents d'élèves à une échelle plus large afin de faire bénéficier le collège Coysevox et le collège Berlioz de moyens supplémentaires et d'une mixité sociale réelle et non de façade. Il en va de l'intérêt de nos enfants et de nos quartiers. 

Rassemblement ce mardi 13 décembre, Maire du 18^e

Les associations de parents d’élèves des écoles élémentaires Damrémont 65/67 et de Joseph de Maistre